La plupart des méthodes psychothérapeutiques utilisent la parole comme outil de médiation entre la personne et le thérapeute, dans un contexte qui influence fortement la communication, généralement un cabinet. Or la parole dilue, elle est pléthorique, volatile et… bavarde. Par ailleurs, la relation avec le thérapeute reste prédominante et bloque certaines personnes qui ont peur de dévoiler leur ressenti, d’être trahies par leurs émotions, d’être observées, jugées par un inconnu.
En dehors des ateliers d’écriture qui utilisent l’énergie du groupe comme moteur de changement personnel, dans un esprit coopératif et ludique, l’accompagnement individuel en écrithérapie fonctionne de manière radicalement différente. Même si les effets de la relation restent présents, ils sont beaucoup plus faibles et différés dans le temps. Le thérapeute n’est pas physiquement présent. Les échanges se font par mails, par courrier postal ou par téléphone si nécessaire. La personne se confronte à elle-même, sans honte ni culpabilité, de façon détachée, en effectuant les travaux qui lui sont proposés par le thérapeute, en fonction de sa problématique personnelle. Elle choisit le moment qui lui paraît le plus opportun pour ce travail. Elle peut organiser sa pensée sans être aspirée par le flux de la parole, analyser plus finement son ressenti, se relire et remettre à plus tard lorsqu’elle se sent émotionnellement fatiguée par l’exercice. Lorsqu’elle aura terminé et renvoyé ses travaux, le thérapeute lui adressera ses notes personnelles et de nouvelles orientations, par mail ou courrier.
Quand la parole dilue, l’écriture concentre. Elle élague la réalité, soustrait le contexte et permet un travail sur soi plus approfondi. Poser un acte d’écriture associé à une vraie rencontre avec soi-même est un engagement beaucoup plus fort et efficace que dix-mille mots lâchés à la volée en séance de psychothérapie classique.